L'histoire :
Dans un futur proche et partiellement post apocalyptique… C’est par un soleil radieux que ce le nouveau convoi ferroviaire pénètre dans l’enceinte fortifiée de la colonie n°16, également appelée « Fort Apache ». Dans ses wagons, il y a certes différentes denrées et matériels d’approvisionnement, mais aussi deux nouvelles recrues, des « brebies galeuses », les orphelins Archibald et Zacharias Goodwoody. Vu leurs tronches rebelles, ils sont accueillis sans ménagement par Bagster, l’officier municipal… que tempère aussitôt Ava Kingsten, la chef de la communauté. Elle leur fait comprendre que la survie dans ce camp face à la « menace » venue de l’extérieur est tout de même due à un maximum de discipline. La colonie n’a connu aucune victime au cours des trois derniers mois et il s’agit de continuer ainsi le plus longtemps possible. On donne des vêtements à Archer et Zack et on leur attribue un logement : un mobil-home défraîchi, mais plutôt cool. En marge de leurs obligations de société (tours de garde, chantiers…), les deux frères comptent sur leur sex-appeal pour accumuler les conquêtes féminines : parmi le groupe d’ados auquel ils s’intègrent, il y a 2-3 filles canons. Le maître d’armes Williams les teste aussi lors d’une épreuve de paint-ball pour voir comment ils se débrouillent face à un ennemi (plutôt pas mal). Hélas, une mise à l’épreuve bien réelle les attend rapidement…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Une première mise en bouche a été proposée en janvier 2013 par les éditions Paquet, pour cette ambitieuse et rafraichissante série d’anticipation et d’horreur. En effet, en marge des 5 opus de 80 pages chacun annoncés, la série paraîtra, dans l’intervalle, en demi-tomes aux formats géants. Les 60 premières planches de ce premier tome « normal » se bornent à dévoiler une communauté organisée dans un camp retranché face à un ennemi extérieur visiblement redoutable. Rien n’est dit à son sujet, jusqu’à ce qu’on le découvre à la p.69, ce qui ne manque de faire monter le suspens. Les dernières planches se montrent toutefois très explicites et étancheront pleinement la soif des amateurs de frissons (…et on ne vous en dira pas plus ici). On ne s’ennuie pas pour autant avant cela : le scénario de Benjamin von Eckartsberg présente en détails les protagonistes, leurs relations amicales ou déviantes, l’organisation bien rodée d’une communauté de « résistants ». Les dialogues ne se privent pas non plus d’humour, notamment à travers le comportement dragueur des deux frangins. Mais en sus de toutes ces bonnes idées narratives, le traitement visuel de Thomy von Kummant tire encore cette série vers le haut. Ses personnages réalistes et expressifs, dessinés sans contours de formes (façon Arthur de Pins), évoluent au sein d’un décor cinématographique méticuleux composé de savantes textures et bidouilles infographiques, le tout baigné par une lumière rasante inquiétante, qui amplifie le sentiment crépusculaire. C’est chiadé, impeccablement rythmé et donc particulièrement immersif. On avait déjà vu ces deux auteurs à l’œuvre dans la (trop courte) Chronique des immortels. Assurément, avec Gung Ho, ils franchissent un nouveau palier…