L'histoire :
En 1492, les trois navires de Christophe Colomb traversent la mer des Sargasses, tandis qu’un vent de mutinerie traverse l’équipage. Colomb persiste à garder le cap. Il négocie trois jours de plus avant le demi-tour. La nuit du troisième jour, une étrange étoile filante traverse le ciel… Le lendemain, les caravelles accostent sur une île exotique. Un demi-millénaire plus tard, en 2026, un navire scientifique sonde les fonds marins de la mer de Barents. Une anomalie cylindrique a en effet repérée au fond et toutes les tentatives pour s’en approcher se soldent par un dérèglement des instruments. Au même moment, une équipe de télévision s’apprête à partir en exploration sur le mont Ararat – là où la mythologie chrétienne situe l’arrivée de l’arche de Noé. Ils veulent en effet filmer leur émission à sensation concernant l’origine d’une masse sombre sur un cliché datant de 1949. Au même moment, les médias célèbrent l’arrivée de l’homme sur la planète Mars ! Et le vainqueur de cette grande première est russe… quand bien même le programme spatial russe n’a pas prévu le rapatriement de ses cosmonautes sur Terre. A la surface de la planète rouge, le trio sacrifié peut cependant survivre quelques années, le temps de faire des découvertes. Notamment, ils trouvent plusieurs artefacts « usinés » au pied du gigantesque mont Olympus, et remontent donc leur piste…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le thriller d’anticipation d’obédience légèrement fantastique est devenu la marque de fabrique de Christophe Bec, presque un label. Sur le même mode que pour Carthago ou Promethée, c’est-à-dire au gré de séquences indépendantes et empilées, le scénariste nous immerge cette fois dans un triple mystère. Nous suivons ainsi : primo, des cosmonautes à la surface de Mars qui découvrent un « truc » complètement dingue (le flou du terme vise à éviter le spoiler) ; deuxio, des explorateurs des fonds marins qui peinent à conserver la viabilité de leurs instruments face à un autre truc complètement dingue ; tertio, une équipe de TV au sommet du mont Ararat constitue l’exploration la moins développée sur ce tome (à propos d’une masse sombre). Nul doute qu’au terme des 6-7 tomes prévus, ce triple mystère n’en formera plus qu’un seul vaste et unique, au sujet du bon vieux fantasme de l’interpolation humaine-extraterrestre. Bec sait y faire pour alterner les infos et les zones d’ombre, faire progresser l’intrigue tout en présentant les révélations à pas feutrés. Sur le plan visuel, il s’appuie une nouvelle fois sur les talents ultra-réalistes et encrés du dessinateur italien Stefano Raffaele, le même que pour Prométhée ! Raffaele a donc du boulot pour les 10 prochaines années, s’il veut honorer la promesse des tomes prévus en alternance sur les deux séries… En bref : à défaut d'être originale sur le plan narratif, cette mise en bouche est parfaitement pro et intrigante.