L'histoire :
C'était l'époque où Daredevil n'était pas encore surnommé le Diable de Hell's Kitchen. Il était alors l'Homme sans peur. Mais il n'est plus que l'ombre de lui même. Matt Murdock, l'avocat aveugle qui enfile le costume du Justicier, suit tragiquement la même voie que son alter ego. Il est en deuil. Son seul amour, Karen Page, est mort. Et il n'a pas ressenti semblable douleur depuis la mort de son père, boxeur que les médias surnommaient avec ironie Kid Murdock, parce qu'à presque 40 ans, il venait d'enquiller dix victoires de rang et qu'il était sur le point de monter sur le ring pour une ceinture mondiale. Mais le sort en décida autrement, ou plus exactement son coach véreux, Fixer, qui pipa les combats et lui demanda de se coucher pour encaisser un gros paquet de fric. Mais le vieux n'en fit qu'à sa tête et mit son adversaire KO. Fixer était un truand et la perte de centaines de milliers de dollars appela la pire des vengeances. Jack Murdock fut descendu d'une balle dans le dos dans une rue sordide. C'est tout cela qui hante Dardevil, alors qu'il virevolte la nuit au dessus de la ville...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Inutile de se perdre en conjectures : si vous n'avez jamais lu Daredevil Jaune ou qu'il manque à votre bibliothèque, c'est le moment de saisir l'opportunité d'acheter un grand classique pour 5.99 € ! Panini, avec son Printemps des comics termine en beauté son opération hard cover à petit prix en rééditant cette mini-série mythique de six épisodes. On est en 2001 et c'est avec cette œuvre que le duo Jeph Loeb/Tim Sale (colorisé par le non moins fameux Matt Hollingworth) inaugure son thème des couleurs, qui accouchera aussi de Spider-Man : Bleu et Hulk : Gris. Alors la première évidence qui frappe le lecteur aussi fort que le faisait le père Murdock sur un ring, c'est la juxtaposition incroyable de la splendide narration du scénariste avec le talent du graphiste. Dès la première séquence d'ouverture, on sait qu'on tient dans les mains du lourd. Du drame, de la psychologie et de l'action, il y a tout ce qui fait un bon récit de super-héros. C'est un DD détruit par la peine qui se remémore comment il en est arrivé là et ce qu'il doit à son père. Et un peu comme Franck Miller le fit plus tard à sa manière, c'est la souffrance qui devient le moteur du héros et c'est elle qui génère sa violence. Certes,Tête à Cornes ne flirte ni avec la drogue, ni avec alcool, ni avec la folie, comme dans la «version Miller », mais il est tout aussi implacable. On pourrait aussi vous dire qu'ici, le trauma du héros orphelin de son père atteint les mêmes sommets que celui qui frappa un certain Bruce Wayne (et ce n'est pas un hasard si ces deux-là signèrent aussi quelques sagas légendaires du Chevalier Sombre de la Distinguée Concurrence), mais on se gardera bien de vous en dire plus et sans doute cela serait-il vain... Alors s'il ne devait ressortir qu'une chose de ce qu'on a à vous dire de cet album, ce serait : attention, chef d’œuvre !