Accompagné de Sean Murphy, Lee Bermejo a été l'une des têtes d'affiches comics du salon Quai des Bulles. Toujours aussi accessible et sympathique, l'artiste américain vivant depuis quelques années maintenant en Italie est revenu avec nous sur sa dernière sortie en France : le second tome de Suiciders. Et il y avait pas mal de choses à voir sur celui-ci entre l'arrivée d'Alessandro Vitti aux dessins, un éventuel troisième opus et surtout son potentiel retour en pages intérieures d'un comic-book. Lee Bermejo a répondu à tout cela avec son flegme habituel !
interview Comics
Lee Bermejo
©Urban Comics édition 2018
Réalisée en lien avec l'album Suiciders T2
Bonjour Lee, ces derniers temps, nous te voyons seulement sur des couvertures ou au scénario. Qu'en est-il des pages intérieures ?
Lee Bermejo : [rires] Oui, je sais que je suis lent ! En fait, dessiner des pages me prend énormément de temps. Par exemple, sur une année entière, je ne suis parvenu qu'à faire 50 pages pour mon prochain projet qui sortira en 2018, vers juillet, chez DC Comics.
Cela te permet d'enchaîner les scénarios pour d'autres artistes en parallèle !
Lee Bermejo : Batman Noel et Suiciders ont été imaginés bien avant We are Robin. En fait, j'ai compris que je ne pouvais pas dessiner toutes mes histoires et je l'ai saisi en voyant Frank Miller. Il a énormément écrit pour d'autres et cela a donné des titres géniaux. Je me suis que ce serait une très bonne façon de ne pas être frustré et aussi de m'améliorer dans tous les domaines.
Peux-tu nous évoquer brièvement la genèse de Suiciders ?
Lee Bermejo : Cela faisait longtemps que le titre traînait dans ma tête, une dizaine d'année peut-être. Je voulais raconter quelque chose sur Los Angeles, la ville où j'ai grandi. Je voulais parler d'un tremblement de terre et de ses effets sur une telle ville, des aspects sociétaux et la façon dont les gens réagiraient devant un tel drame. J'ai ensuite intégré des éléments de science-fiction, de dystopie, et plein d'autres idées. Suiciders devait être différent de tout ce que j'ai pu faire et plaire aussi aux lecteurs.
Le second tome de Suiciders est sorti dernièrement en France. Peux-tu le présenter ?
Lee Bermejo : En fait, le second tome se passe 15 ans après le tremblement de terre et avant le premier album. Le mur est en train d'être construit. Les personnages principaux sont des adolescents qui essaient de vivre dans cet enfer. Vous pourrez retrouver certains protagonistes qui sont apparus dans le premier opus et comprendrez leur développement.
Pourquoi avoir confié à Alessandro Vitti les dessins sur le second tome ?
Lee Bermejo : Parce que je manquais de temps. Les épisodes devaient sortir de manière très rapprochée de ma mini-série et alors que j'avais écrit le second arc, je me suis dit que cela serait beaucoup plus intéressant de trouver un artiste ayant un style unique. Pas similaire au mien mais avec un trait très expressif, notamment sur les visages. Alessandro a tout ce que je recherchais, j'adore son travail, il est adorable et a énormément de talent. Ses décors sont bons, ses personnages aussi. C'était le choix parfait pour réaliser ce deuxième tome.
Qu'en est-il d'un troisième tome ?
Lee Bermejo : Alors, cela ne va pas se passer maintenant car il y a eu pas mal de changements chez Vertigo et basiquement, j'ai été totalement libre dans la création des deux premiers Suiciders et j'avais prévu trois albums. Je travaille sur un autre projet pour DC et il me prend tout mon temps. J'espère trouver vite le temps de me pencher dessus car j'aimerais dessiner les pages intérieurs et notamment la fin de cette saga. Les lecteurs ont compris que la série se déroule sur plusieurs années et que l'histoire est très large. Je veux que la fin surprenne tout le monde, en bien.
Et ce mystérieux projet pour DC ?
Lee Bermejo : C'est avec Brian Azzarello. Sur un personnage DC !
As-tu prévu d'écrire une nouvelle histoire pour un autre artiste ?
Lee Bermejo : Je voudrais bien mais je suis focalisé sur le titre avec Brian.
Quel type d'univers aimerais-tu développer par la suite ?
Lee Bermejo : J'aime énormément l'approche du creator-owned. J'aime travailler sur des héros DC mais créer les siens est assez génial. Cela dépend du moment, parfois j'ai des idées pour une histoire sur Robin, parfois d'autres envies.
Si tu avais de nouveau le pouvoir de visiter l'esprit d'un autre artiste pour en comprendre son génie, qui choisirais-tu ?
Lee Bermejo : Steve McCurry ! C'est un photographe qui a voyagé partout dans le monde, qui a vécu des choses incroyables. Je le respecte énormément, il voit le monde sous un autre angle et ce serait assez génial de pouvoir comprendre un artiste comme lui.
Merci Lee !
