L'histoire :
Le 20 décembre 1957, Nestor Burma s'en tient une belle. Une sévère, comme on dit. Pour soigner son mal, il entre dans une pharmacie. Pas de suppos, juste un truc à sucer ou à avaler. Burma regagne ses pénates ou plutôt son bureau. À peine rentré, il se soigne avec les gouttes des Laboratoires Manchol, celles qu'il vient d'acheter. Sa secrétaire l’informe qu’une dame l’attend depuis une heure sans rendez-vous. Il s’agit de... Nicole Manchol, une femme aristocratique qui se montre pressée et désireuse de confier à Burma une affaire urgente. Elle lui propose une rémunération généreuse. Lorsqu’elle lui révèle son identité, elle lui demande s'il croit au Père Noël. Elle lui apprend aussi que son mari, fondateur des laboratoires Manchol, vient de mourir. Hier soir, au dessert. Toutefois, Nicole est loin de se montrer en deuil. Pas de veuve éplorée à l'horizon. Il faut dire que le mari était, d'après ses dires, une sacrée ordure. Tout de go, elle déclare avoir tué son époux la veille, lui montrant même l’arme du crime. Alors qu’elle avertit Burma de se méfier du père Noël, elle se suicide soudainement devant lui. Deux balles en pleine tête. Une enquête démarre...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
20 ans que l'on avait pas vu ça. 20 ans que Tardi n'avait pas pointé le bout de son nez dans l'univers de Burma. Ça tombe bien, ça commence par un rhume. Un nez qui coule. Dans le XXème arrondissement. Hasard ou coïncidences ? Jacques Tardi revisite ici l’iconique détective Nestor Burma. Aux pays des titis parisiens, la gouaille est de sortie, avec du baltringue, une histoire de pépettes et de grisbi sous roche. L’intrigue se déploie avec en point d'orgue la critique sociale et politique. Tardi tire à boulets rouges sur l’industrie pharmaceutique, un thème qui lui est cher, notamment à travers la dénonciation de la maltraitance animale. La critique sociale, bien présente dans les œuvres précédentes de Tardi, trouve ici une nouvelle forme de résonance. Le Paris des années 50 est rendu avec toute la rigueur visuelle du maître, des cases dynamiques aux décors fourmillant de détails. D'emblée, la toute première scène promet une atmosphère tendue, lorsque Burma, malade, croise le chemin de Nicole Manchol, une veuve étrange dont l’apparition mène à un drame brutal. Comme un dernier baroud d'honneur (c'est peut-être son dernier, car il avait déjà annoncé le clap de fin pour Adèle Blanc Sec T10), Tardi fait du Tardi avec son dessin si caractéristique en noir et blanc, avec des pointe de kaki, de bleu et de rouge par intermittence, son ambiance si particulière, mêlant absurde, humour et expression argotique. L’album, avec ses 190 pages, incarne une véritable réflexion sur la société actuelle. Un joli retour, où la maltraitance animale et la critique du pouvoir économique s’invitent au cœur d'une aventure policière.
