L'histoire :
Chinese Theatre, Hollywood, janvier 1936. En compagnie de son frère Salomon, Moïse assiste à la projection de la première du film A stolen Childhood (Une enfance volée), tiré des souvenirs de son frère Salomon quand il était en colonie pénitentiaire pendant 5 ans. Choqué par certaines images violentes, Moïse quitte la salle. Il mesure tout ce qu'a pu endurer Salomon qui s'était sacrifié pour lui et sa famille. En sortant de la salle, les spectateurs saluent le film. Le producteur du long-métrage pense que ça va être un carton et demande fissa à Salomon d'aller en faire la promotion en France. Seul bémol, Salomon a un mandat d'arrêt sur sa tête, suite à son évasion de Mettray, ce qui n'a pas l'air d'effrayer le producteur qui voit là un bon coup de pub ! Interloqué sur le moment, Salomon reprend ses esprits pour gagner une salle de concert où sont réunis tous ses amis pour célébrer la sortie du film. Moïse se souvient de cet épisode alors qu'il est dans le camp de Sobibor, en 1942. Dehors, c'est l'effervescence. Un soldat demande le rassemblement général sur la Place Centrale...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Décidément, album après album, l'histoire des Frères Rubinstein captive toujours autant grâce à une mécanique bien huilée. Luc Brunschwig aligne les séquences avec maestria, grâce à des fondus enchaînés narratifs permettant de passer d'une époque à l'autre avec une fluidité naturelle. Le scénariste maîtrise à la perfection le récit et procure un plaisir intense, montrant au passage cet antisémitisme sous-jacent qui gangrène peu à peu la société des années 30, et qui trouve, une dizaine d'années plus tard, sa traduction avec l'avènement des camps de concentration. Moïse et Salomon, deux frères aux personnalités différentes, sont pris dans l'engrenage de l'Histoire avec un grand H, où des personnages de l'époque comme Adolf Hitler, Jacques Bainville, Georges Monnet ou encore Léon Blum sont les acteurs. Étienne Le Roux et Loïc Chevallier, accompagnés par les couleurs puissantes d'Elvire de Cock, illustrent avec un immense talent graphique les textes percutants de Brunschwig, jonglant avec les décors bien construits et des personnages parfaitement campés, aux expressions remarquablement développées. On est désormais convaincus : Les frères Rubinstein ont tout pour devenir l'une des séries emblématiques de la décennie.