L'histoire :
Hiroshima. 14 septembre 1945. Cela fait trois semaines que la bombe a tout ravagé. Dans la ville déserte – enfin, ce qu'il en reste – les cadavres s'accumulent. Le dôme de Genbaku reste là, comme décharné parmi le charnier. Un homme se recueille parmi les ruines, alors que le vent continue à soulever la poussière qui sature l'air. Comme si le souffle de Little Boy n'avait pas suffi. Cet homme porte une casquette et une longue veste qui caractérisent l'uniforme des officiers de l'Armée Impériale. Tout en lui réclame la vengeance. Il va entonner un requiem aux âmes des morts. Non loin de lui, une jeep se fraye un chemin parmi les gravats. A son bord, un sénateur, un général et un scientifique américains. Ils n'en reviennent pas. C'est comme si un énorme rouleau compresseur avait tout broyé et tout éradiqué sur son passage. Et encore, ajoute le militaire, c'est Kyoto qui était visée en premier lieu, mais le secrétaire à la Défense a mis son véto. Il y avait passé sa lune de miel...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Si vous aimez les histoires de malédictions, les personnages perdus dans les cercles infinis des Enfers, vous avez forcément plongé, une nuit ou une autre, dans les ténèbres de Requiem. Dix volumes que Heinrich pensait trouver la paix dans la mort, mais qu'il épouse un destin strictement inverse dans l'au-delà sur Résurrection. Un monde où le temps tourne à l'envers et dans lequel il est un Chevalier Vampire. Et une fois de plus, Patt Mills se montre en forme, en mêlant sublime et grotesque, grandeur et décadence. Bain de sang annonce la couleur et la couverture ne trompe pas sur la marchandise (avouez, ça donne envie d'en savoir plus sur cette diablesse de Bathory). Si on retiendra de cet album une nouvelle série de scènes épiques de combats qui virent au carnage, on commencera par se régaler avec la scène d'ouverture, qui nous propulse dans les ruines d'Hiroshima. Olivier Ledroit n'accomplit pas que des prodiges hallucinés, il sait aussi traduire le pire Enfer sur Terre qu'est la guerre. Dès la première planche, on est d'ailleurs pris à la gorge. Le reste n'est que démesure. Cet artiste fait partie de ceux qui propulsent la BD dans un monde où l'illustration donne le vertige. Le découpage, les perspectives, les couleurs, tout est fou une nouvelle fois, sous les pinceaux de l'artiste, qui propulse dans ses pages toute l'énergie rageuse de cette série.