L'histoire :
Djebel Madhbah, «La Montagne de Dieu», Terre Sainte, 1332. Une armée de Croisés se trouve au pied du Mont Sacré. Dans un de ses profonds contreforts, une étrange mélodie s'élève au dessus des chevaliers casqués. Le plus docte d'entre-eux s'exclame : « C'est la trompette de Dieu ! » et se met à citer les Textes du Très-Grand : « Comme l’apparition du Seigneur dans l'Exode, il y eut des tonnerres, des éclairs et une épaisse nuée dans la montagne... Le son de la trompette retentit fortement : et tout le tout le peuple qui était dans le camp fut saisi d'épouvante ». L'homme qui conduit la troupe, le Seigneur Barabarossa, lâche alors, le visage plein de rage, qu'il ne s'agit que du vent. Lui et son armée sont venus s'emparer de l'Arche, qui a échappé aux Israélites et qui est sur le point d'être prise par de vils Sarrasins. Quelques instants après, la bataille fait rage et les croisés du Christ finissent par mettre leurs ennemis en pièces. Bientôt, ils gagnent une gigantesque crypte qui abrite l'Arche d'Alliance et le Thurim, objet sacré qui permet d'en libérer la puissance divine. L'énergie qui se propage alors brûle littéralement tous les hommes, sauf Barbarossa. Car ce marteau magique appartenait à Lucifer avant qu'il ne soit chassé du Paradis et ceux qui lui obéissent en sont immunisés...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
S'il est une série qui renouvelle le genre gothique tout en étant fidèle aux codes de la littérature vampirique, c'est bien Requiem. Il est difficile de résumer ce qui caractérise le récit, sauf à mettre en avant ses aspects hallucinés, violents et la mise en scène d'un personnage qui souffre peut-être plus encore qu'il n'inflige de dégâts à tout ce qui s'oppose à lui, dans la quête qu'il mène pour retrouver sa bien-aimée. L'Amour impossible, l'état qui consiste à n'être ni vivant ni mort, ici, prend la forme d'un monde où tout n'est que meurtres et barbarie, souffrances et trahisons, massacres incessants qui baignent tout un univers dans le sang nourricier des Vampires. Pat Mills n'épargne personne et surtout pas le lecteur. Avec une sauvagerie pure qui se mêle à la beauté du désir, il met délicieusement en scène les pires pulsions auxquelles cèdent les personnages. On retrouve ainsi tous les ingrédients de la dramaturgie des héritiers innombrables de Dracula. Deux mots viennent à l'esprit pour qualifier cette BD : décadent (façon canine, bien sûr) et somptueux. Alors cet album est un nouveau voyage cauchemardesque qui se distingue par la beauté de son visuel. Olivier Ledroit accomplit un travail monstrueux, avec des planches en couleurs directes qui constituent de vrais tableaux. Découpage de folie, doubles pages, décors travaillés comme les orfèvres taillent les pierres, la lecture en devient une expérience. Un dernier conseil : priez, pauvres erres, avant de pénétrer ce Couvent des sœurs de sang !