L'histoire :
Washington, 1er mai 1972. La maison de J. Edgard Hoover est entourée d'une trentaine d'agents du FBI. S'ils dégagent de la sérénité, forts de leur puissance de feu, car chacun est armé jusqu'aux dents, la tension est palpable. Un des agents demande à son binôme, plus expérimenté, de quoi le Directeur doit être protégé pour qu'un tel déploiement se justifie. La mafia ? Les cocos ? Des hippies défoncés à l'acide ? Les Black Panthers ? Tous deux fument une clope, mais restent aux aguets. Son partenaire lui répond que la menace est bien pire. Nouvelle question du plus jeune : pourquoi des munitions spéciales ? « Tu poses trop de questions », s'entend-il répondre. A l'intérieur, leur boss est au téléphone. Avec le Président des États-Unis, ni plus ni moins, qui tient devant lui le rapport top secret qu'a signé son interlocuteur : « The Vampire File ». Trois nids ont été éradiqués le mois dernier. La trêve entre les humains et les suceurs de sang est rompue, car les renseignements américains savent que, désormais, la seconde venue de Dracula se prépare...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Gothique et décadent. Si on devait résumer à l'extrême ce qui qualifie la série, ces deux qualificatifs s'imposeraient. Pat Mills signe en effet une série au pitch complètement dingue, l'âme d'un officier nazi étant trustée dans un monde dominé par les Enfers et où le temps s'écoule à l'envers, quand l'homme qu'il a été est désormais un Chevalier Vampire. Et à Résurrection, ce plan complètement chaotique qui l’accueille, la guerre est déclarée entre les suceurs de sang et les Pirates, qui n'ont qu'un seul but : éradiquer toutes les autres créatures. L'émérite scénariste anglais n'a pas son pareil pour aller au bout de ses idées. Et c'est un spectacle permanent qu'il propose, truffé d'un humour forcément morbide et d'un érotisme sous-jacent qui renvoie ouvertement à l'éternelle imbrication des pulsions de vie et de mort. Un thème classique, voire fondateur de la mythologie vampirique. Le tout ne se serait pas avéré aussi savoureux ni même, il faut bien le dire, aussi impressionnant sans le travail titanesque d'Olivier Ledroit. Le français construit des planches qui défient la raison et nous entraînent dans une surenchère artistique totalement jouissive. L’œil est saturé par les détails, poussé dans les derniers retranchements de la perception par une débauche de couleurs vives. C'est une véritable orgie visuelle, un incubateur de shoots rétiniens qui résultent du découpage complètement dingue et de la sauvagerie des scènes. Si bien que le lecteur s'enivre des planches, comme le Vampire jouit de la morsure. Alors qu'on aime ou pas le registre du récit, qu'on apprécie ou pas l'exubérance du ton et sa surenchère de violence, qu'on adhère ou pas au parti pris esthétique, nul ne pourra pour autant contester cette évidence : Requiem, Chevalier Vampire est bel et bien la série de tous les excès.