L'histoire :
11800 année Dracula, à Berlin, en Draconie. Otto et Heinrich ont partagé le même destin maudit. Ils viennent de la même Terre et sont devenus des vampires. Les voici désormais sur Résurrection, un monde chaotique au sein duquel le temps défile à l'envers. Au milieu des flammes en devant de la façade en ruines du Reichstag, ils se livrent désormais un combat à mort. Otto suppose que c'est la faute de la créature que Heinrich aime, mais il se trompe : si les deux anciens frères d'armes se combattent, c'est parce que celui qui a été surnommé « Requiem » et adoubé Chevalier Vampire veut être au sommet de la chaîne. Mais leurs épées-démons se contrent systématiquement, comme si elles refusaient de porter un coup fatal qui serait contre leur nature infernale... Otto s'empare alors de Thurim, la Vampire compagne de son nouvel ennemi. Il l'utilise comme un bouclier, mais c'est une nouvelle erreur, qui lui sera fatale. Sur Résurrection, l'amour n'est pas permis. Requiem s'empare alors d'un drapeau, qu'il brise pour l'utiliser comme une lance. D'un geste aussi violent que décidé, il transperce la poitrine de celle qui fut son amante... et de celui qui fut plus qu'un ami.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Si la décadence et l'horreur devaient accoucher d'une série... Pat Mills et Olivier Ledroit ont donné corps à cette hypothèse un peu dingue en créant Requiem. Qui, parmi les fans du 9éme art, ignore désormais son existence, ne serait-ce que grâce aux couvertures monstrueuses du dessinateur français ? Et si l’œil attiré a convaincu la main d'ouvrir un des volumes de la série, alors c'est le chemin vers l'Enfer de Résurrection qui s'est ouvert au lecteur. Bien sûr, l’œuvre est clivante, mais c'est le parti pris du scénariste, dont la carrière culte se situe depuis le début aux marges des règles de la BD classique. Pat Mills, c'est 50 ans de carrière à secouer le gaufrier dans tous les sens, de Judge Dredd à aujourd'hui encore, c'est la marque d'une violence narrative au service certes de la provocation (Choking, dit-on chez lui ! ) mais aussi de la Science Fiction non dénuée de critique politique. Requiem échappe d'ailleurs à la dénonciation directe de nos sociétés modernes. Mais en utilisant le mythe du Vampire, le britannique s'appuie sur la tragédie et les souffrances de l'âme. Pour autant, la série peut être vue comme une satire de la condition humaine en ayant recours, comme un fil aussi rouge que les couleurs de son dessinateur, au grotesque. Requiem, c'est une farce baroque et dramatique, où ceux qui prétendent au pouvoir sont aussi malsains que ridicules. C'est un cauchemar sublime, c'est la beauté au service de la barbarie, c'est l'esthétique d'un monde où l'humanité a cédé la place à l'ignominie. Et tout cela ne ferait aucun sens, ou serait tout simplement raté, si Olivier Ledroit n’avait pas l’extraordinaire talent pour pouvoir l'illustrer. En ce sens, bien que son esthétique en soit très éloignée, il est un héritier de Druillet, lui qui sait aussi déconstruire le format d'une page et saturer la vision du lecteur, tant avec le sens des détails qu'avec des décors titanesques et des couleurs qui finissent, non pas par vous immerger, mais plutôt vous submerger. Un peu comme si, en accédant à ce monde infernal, on finissait par y être englouti. Alors si le personnage de Requiem est maudit, la série est quant à elle une vraie bénédiction pour qui veut en prendre plein... enfin vous avez deviné !