L'histoire :
Cherchant à identifier les responsables des meurtres de plusieurs moines, le druide Gwenc’hlan et son apprenti Taran ont rapidement suivi la piste des Esussiens, une secte de chrétiens directement issue de l’Imperium Dei. Les fanatiques se sont fait un devoir de mettre à néant l’ordre druidique en s’emparant de leurs plus fameux symboles. En particulier, ils recherchent le Chaudron de Dagda. Gwenc’hlan et ses compagnons ont le même objectif. Aussi, aidés par une tribu picte, pensent-ils pouvoir en découvrir le chemin, en s’emparant de la pierre de destinée volée et gardée par des vikings. L’escapade tourne au désavantage de Gwenc’hlan qui, avec plusieurs de ses comparses, est fait prisonnier. Alors que les vikings s’apprêtent à mettre un terme à l’existence du druide, Taran, assisté de quelques guerriers pictes, parvient à retourner la situation à son avantage. Les vikings sont défaits et la pierre de destinée peut livrer son secret : elle indique le chemin du chaudron de Dagda. Il s’agit alors de se rendre en terre lointaine, à l’ouest. Un voyage qui nécessite, en tout cas, d’affronter des froids extrêmes et de passer de longues semaines à voguer sur l’océan. Au même moment, en Bretagne, Verus, sous prétexte de venger la mort des moines assassinés, poursuit le massacre des druides. Une attitude qu’exècre de plus en plus le pourtant conservateur Gwénolé...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce dernier chapitre lève définitivement le voile sur l’ensemble du mystère (une série d’assassinats de moines en Bretagne avec pour prétendus responsables des druides)... avant de retrouver nos embobinés dans de nouvelles énigmes dans un prochain cycle de péripéties (impeccablement introduit en toute fin d’album). Pour ce faire, nos malicieux scénaristes n’hésitent pas à transporter Gwenc’hlan, Taran et leurs compagnons d’infortunes outre atlantique (était-ce vraiment nécessaire ?), siège probable du fameux chaudron d’éternité. Dans le même mouvement, sur les rivages bretons, le moine Gwénolé participe lui aussi à la révélation de l’intrigue en un joli « combat » avec le peu apetissant évêque Verus. Ce découpage est, du reste, judicieux : il donne du rythme au récit en croisant et superposant les révélations, en enchainant surprises et rebondissements ou en insufflant à l’intrigue une bonne dose d’aventure et d’action. Du coup, il rassasie notre impatience de connaître le fin mot de l’histoire en démasquant les responsables des crimes et en les laissant nous révéler leurs sombres motivations. Mais il faut bien reconnaître que cette fin de suspens passionne peu. L’intrigue semi-policière stricto-sensu, digne du Nom de la Rose qui nous avait si bien appâtée dans les premiers tomes, est depuis longtemps retombée tel un beau soufflé. Alors oui, on se laisse surprendre par l’apparition sous la capuche de quelques étonnants visages. On se laisse faire par le jeu des faux semblants ou le final en apothéose… Mais c’est un peu convenu. Reste alors une belle réflexion sur la religion, en particulier la description du basculement des croyances ou leurs pérennisations. Ainsi que le douloureux chemin vers « l’universalité » de la chrétienté. Reste aussi l’impeccable déclinaison de l’univers celte, ses combats, ses us et légendes, ses propensions épiques, ses personnages attachants… Enfin surtout le superbe travail de Jacques Lamontagne, parfaitement à sa place dans ce décorum et portant très justement et habilement la saga.