L'histoire :
Une famille est sauvagement assassinée en plein quartier new-yorkais, par une bande sans vergogne. Cette recrudescence de violence va entraîner un bouleversement dans la société et provoquer des réactions profondes. Plusieurs acteurs (à leur échelle) tentent en effet de faire changer les choses : la candidate démocrate Jessica Ruppert qui prône la non-violence et veut révolutionner la société ; Karen Eden, qui a fondé une association d’auto-défense appelée « Le pouvoir des innocents » ; l’inspecteur Ritchie, qui tente de retrouver les commanditaires de ces violences… Au sein de ce bal, un ancien soldat du Vietnam, Joshua, assiste avec effroi aux violences qui se déroulent dans sa rue. Choqué, il se remémore les horreurs de la guerre qu’il a vécues en Asie… Restera-t-il passif devant cette montée de sang ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Cette bande dessinée démarre sur les chapeaux de roues avec, dès le départ, une scène choc où l’on voit une famille se faire massacrer. Le rythme ne faiblit pas ensuite et les actions s’enchaînent à grande vitesse. Le récit se morcelle alors en plusieurs parties, où l’on suit le périple de plusieurs protagonistes qui ont leur rôle à jouer dans cette lutte contre la violence. Le scénariste Luc Brunschwig n’épargne pas son lecteur, à l’image du personnage phare du premier tome : Joshua est un ancien militaire, totalement traumatisé par la guerre. Le parallèle entre les violences urbaines et les atrocités commises au Vietnam font frémir. La folie latente du personnage fait craindre le pire, mais la fin réserve une surprise de taille… La force de cette bande dessinée ne réside pourtant pas dans son rythme endiablé. C’est avant tout une chronique sociale et politique et le scénariste pose les bases de son histoire à travers l’opposition entre les démocrates et les radicaux. La violence est malheureusement un sujet on-ne-peut-plus d’actualité et son utilisation en période de campagnes l’est tout autant. Dans toute sa clairvoyance, Brunschwig anticipe la situation actuelle du globe : les manipulations, les affrontements politiques, les réactions populaires et médiatiques, les discours coup de poing… Cette série se présente d’emblée avec un réalisme social et politique rares. Jusqu’alors, le 9e art n’était pourtant pas spécialement friand de ce registre, mais Brunschwig innove et pose la première pierre d’un genre nouveau. Il y excelle si bien qu’on se demande où est la frontière entre sa fiction et notre réalité… Au regard de la production des années 2010 (près de 20 ans plus tard), le dessin est classique et sans grande originalité. Il a même quelque peu vieilli, à cause de couleurs bien fades. Pourtant, Le pouvoir des innocents vaut le détour et promet pour la suite, car beaucoup de questions restent en suspens à la fin du tome 1…