L'histoire :
Joshua Logan vit dans la rue avec la petite Amy. Celle-ci va rapidement tomber malade et contracter une pneumonie. Après l’avoir amenée à un hospice, Joshua croise la route de Jessica Ruppert, alors en pleine campagne. Dans le même temps, le boxeur Steven Providence retient la femme de Joshua en captivité pour lui intimer le silence. Une relation forte va se créer entre le ravisseur et sa victime et Steven va raconter tout son passé… avec une certitude : malgré son nom, la providence n’était pas au rendez-vous…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Luc Brunschwig est un adepte des personnages torturés, broyés par la société. Ce troisième tome du Pouvoir des innocents est une nouvelle occasion de le démontrer et la noirceur du récit est totalement opaque. Le passé de Providence est sordide à souhait et le malheureux boxeur, victime de la pègre locale, se prend des coups terribles. Injustement condamné puis littéralement torturé dans une maison de redressement, son parcours relève de l’enfer. L’occasion (sinistre) de pointer de nouvelles défaillances d’une société inique, celle de l’Amérique : mafia toute-puissante, racisme latent, guerres de gang violentes dans les prisons… Brunschwig détaille de façon viscérale le passé d’un adolescent broyé par la machine politique véreuse. A la force des poings, Providence va devenir une star de la boxe et sortir riche du quartier du Bronx. Malheureusement, derrière la réussite du « self-made-man », se cache des actions louches et crapuleuses. Providence est passé de l’autre côté et rejoint les malfrats qu’il a tant combattus… Cette description sociale et humaine est totalement désabusée. A tel point que le ton profondément noir et pessimiste de la bande dessinée est parfois pesant. Le dessin de Laurent Hirn est en revanche toujours aussi efficace pour décrire la folie des personnages et la violence du récit. Le coloriste a changé et la mise en couleurs plus discrète rehausse la figure des protagonistes de la série. Les visages dessinés par Hirn, à la limite du grimaçant, ont une ressemblance avec le trait d’Hermann. Toutefois, ce choix étrange de prendre une pause dans le récit et de faire une série de flashbacks est assez surprenant. En effet, à part tirer à boulets rouges sur un système politique et judiciaire totalement corrompu, on ne voit pas vraiment l’intérêt d’une telle parenthèse. De plus, la tension si forte des tomes précédents a totalement disparu pour seulement laisser place ici à un constat froid et désabusé de notre société moderne. Même si certaines choses se dénouent dans le fil de la série, on est bien loin de la force narrative des opus précédents. Pas encore KO, le lecteur attend la suite après cette pause pas franchement bienvenue. On serre les dents et on attend le quatrième round !