interview Manga

Chimaki Kuori

©Kurokawa édition 2017

Saint Seiya a fêté ses 30 ans en 2016. Chimaki Kuori est la mangaka qui réalise l’un des spin-off de l’univers, Saintia Shô. D’abord illustratrice et fan de la série d’origine, elle se retrouve presque par hasard à devenir mangaka et à travailler sur le nouveaux titre de la licence. Explications...

Réalisée en lien avec l'album Saint Seiya Saintia Shô T1
Lieu de l'interview : Japan Expo

interview menée
par
17 juillet 2017

Quand avez-vous commencé à dessiner et à quel moment êtes-vous devenue mangaka ?
Chimaki Kuori : J'ai toujours été intéressée par le dessin. Au cours de mes études universitaires, je me suis dit que je pouvais peut-être en faire une carrière, donc j'ai quitté l'université pour commencer des travaux d'illustration. Au début, j'illustrais surtout des romans - notamment de science-fiction. A force, je me suis fait remarquer et un éditeur m'a approché pour me demander si je ne souhaitais pas essayer de dessiner des mangas. On m'a proposé de faire l'adaptation en manga du dessin animé Gundam Seed, et à partir de là j'ai continué à dessiner du manga.

Interview Chimaki Kuori - Saint Seiya Saintia Sho - extrait 1



A quelle occasion avez-vous rencontré l'auteur de Saint Seiya, Masami Kurumada ?
Chimaki Kuori : La première fois que je l'ai rencontré, c'est après qu'on m'a proposé de travailler sur Saint Seiya Saintia Shô. On me l’a présenté au cours d'une réunion préparatoire et nous avons commencé à discuter de ce que serait le manga. Je n'ai pas eu la chance de le rencontrer avant et c'est bien dommage parce que j'étais très fan.


D’où vient l'idée de la série Saintia Shô ?
Chimaki Kuori : Interview Chimaki Kuori - Saint Seiya Saintia Sho - extrait 2 Ce n'est pas moi qui ai eu l'idée, on est venu me chercher, mais d'une manière assez originale. C'est-à-dire que j'étais en discussion avec la maison d'édition Akita Shoten pour un projet complètement différent. Lors d'une discussion, j'ai dit que j’étais super fan de Saint Seiya et de Masami Kurumada, et cela s'est su dans l'entreprise. Du coup, le responsable éditorial des mangas de Saint Seiya a dit « il faut qu'on lui fasse dessiner Saintia Shô », et c'est comme ça que je suis arrivée sur le projet. Mais ce projet existait déjà avant que je sois contactée. Ils cherchaient juste quelqu'un pour le dessiner en fait.


Est-ce que le côté très girl power de Saintia Shô est quelque chose que vous avez injecté de vous-même dans la série ou est-ce que cela faisait partie du cahier des charges au départ ?
Chimaki Kuori : Le mot girl power est très amusant mais ce n'est pas vraiment ça. C'est à la base une idée de Masami Kurumada qui a dit que ce serait bien de faire une histoire dont tous les héros seraient des filles dans l'univers très masculin de Saint Seiya. A partir de là, le projet s'est développé, mais c'est vraiment l’idée de Masami Kurumada de revenir sur la licence avec cet angle inédit.


Les chevaliers sont très différents de ceux d'origine. Quel a été votre degré de liberté pour le dessin ?
Chimaki Kuori : Interview Chimaki Kuori - Saint Seiya Saintia Sho - extrait 3 Quand j'ai été embauchée sur le projet Saintia Shô, il y avait déjà pas mal d'autres œuvres originales tirées de Saint Seiya avec des graphismes tous très différents. Donc sachant cela, à aucun moment je ne me suis forcée pour être proche du style Kurumada, et de toute façon ce n'est absolument pas ça qu'on me demandait. On va dire que j'ai beaucoup de liberté graphique sur ce manga parce qu'il existe beaucoup d'autres œuvres originales, et je pense qu'il est important que chacun apporte sa touche. Je crois que c'est ce que veut Masami Kurumada.


Avez-vous eu des difficultés lors de l'exécution de cette série ?
Chimaki Kuori : Des difficultés, j'en ai eu beaucoup. La première a été de décider d'accepter ce projet parce que c'était un certain choix de vie. On a quand même une grosse responsabilité quand on accepte de faire un spin-off de Saint Seiya parce qu'il y a déjà énormément de fans qu'on ne doit pas trahir, qui ont chacun leurs exigences. En même temps, on ne doit pas se trahir non plus. C'est-à-dire que si on a été choisi, c'est que Masami Kurumada pense que vous avez quelque chose à apporter à l'œuvre. C'est difficile de faire une œuvre à la fois originale mais qui respecte le matériau d'origine. Pour Saint Seiya Saintia Shô, le but était de faire une œuvre dans un univers masculin mais dont les personnages principaux sont des filles. Le problème c'est qu'on essaye d'être proche de ce qu'a fait Masami Kurumada, mais c'est compliqué parce que c'est un univers extrêmement macho, ce n'est pas la même époque. Donc on essaye de ne pas trahir et en même temps de suivre le mouvement de l'époque d'aujourd'hui. C'est ça qui est difficile. Après, dessiner un manga c'est difficile en soi, mais une fois qu'on a pris la décision de le faire, on le fait et puis c'est tout.


Interview Chimaki Kuori - Saint Seiya Saintia Sho - extrait 6



Qu'avez-vous pensé du film Saint Seiya - Legend of Sanctuary ?
Chimaki Kuori : Interview Chimaki Kuori - Saint Seiya Saintia Sho - extrait 4 Quand le projet a été annoncé, j'étais vraiment très curieuse de voir ça. Quand je l'ai vu, j'ai bien aimé, je suis allée le voir plusieurs fois au cinéma. J'ai passé un bon moment parce que je l'ai pris comme quelque chose de nouveau dans l'univers de Saint Seiya.


Si vous pouviez être un personnage de manga, lequel seriez-vous et pourquoi ?
Chimaki Kuori : J'aimerais bien me réincarner en employé du sanctuaire, un NPC (non-player character). Je vous dirais bien que je voudrais devenir un chevalier, mais ils risquent toujours de mourir à un moment ou à un autre, donc je voudrais juste bosser dans le sanctuaire et voir les chevaliers, les croiser quotidiennement.


Et si vous pouviez entrer dans l'esprit d'un autre artiste, qui choisiriez-vous ?
Chimaki Kuori : Masami Kurumada bien sûr ! J'aimerais savoir comment il a fait pour créer un univers pareil.


Merci !

Interview Chimaki Kuori - Saint Seiya Saintia Sho - extrait 5




Merci aux éditions Kurokawa ainsi qu’à Grégoire Hellot pour la traduction, à Sarra Bekare pour la prise de son et à Laetitia De Germon pour la retranscription.

Interview réalisée en partenariat avec Laetitia De Germon (DozoDomo).

Sauf si précisé autre chose sous l’image, toutes les illustrations de l'article sont © 2013 Chimaki Kuori / Akita Shoten / Kurokawa