L'histoire :
Dans le quartier juif d’Alger, au début du XXème siècle, vivent un rabbin, sa charmante fille Zlabya, leur chat et leur perroquet. Un jour, exaspéré par les criailleries du volatile, le chat mange le perroquet… et se met à parler ! Craignant que ce chat parleur ne donne de mauvaises idées à sa fille, le rabbin lui interdit de revoir celle-ci et décide de faire du chat un bon juif, c'est-à-dire quelqu’un qui connaît la Torah et le Talmud et qui vit selon les principes de la religion. Mais le chat, bien que très désireux de retrouver sa vie tranquille avec sa maîtresse, et de faire sa Bar-Mitsva, va donner du fil à retordre au rabbin ! En effet, l’irrévérencieux félin ne cesse de discuter et de contester l’enseignement du rabbin, tout en observant avec perplexité et ironie les disciples de son maître... Dans Le Malka des Lions, le rabbin reçoit un vieil ami et passe l’examen qui fera de lui le rabbin officiel de la communauté, assisté en cela par le chat, toujours aussi contestataire et fou de Zlabya ! Enfin L’Exode relate le voyage de noces de Zlabya et de son époux, accompagnés du rabbin et du chat. Une aventure parisienne où les situations cocasses et riches d’enseignement se multiplient…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Cette (première) intégrale du Chat du rabbin de Joann Sfar, publiée dans la collection Poisson pilote de Dargaud rassemble 3 des 5 volumes disponibles. Joann Sfar utilise un procédé très en usage au siècle des Lumières : c’est à travers les yeux d’un « ingénu » que l’on découvre et que l’on interroge une réalité. Ici, c’est par le regard acéré d’un chat – peu candide il est vrai ! – que l’on s’immisce dans la religion juive, dans ses écritures, ses préceptes et ses rites. C’est à travers les réflexions aussi drôles que pertinentes du félin que l’on en critique gentiment certains aspects. Et, bien au-delà de la religion, le bon sens loufoque de notre héros agit comme un révélateur de l’humanité. Tel Adam chassé du paradis terrestre, ce chat doué de parole devra faire un apprentissage parfois douloureux mais ô combien savoureux pour le lecteur ! De controverses théologiques en réflexions philosophiques, le Chat du rabbin trace un chemin qui mêle la fable, le conte oriental, le roman d’apprentissage et la satire. Cet album délicieusement spirituel est servi par un dessin très adapté au ton comique du propos… mais que certains trouveront probablement peu avenant, voire rebutant à cause de ses lignes tremblées et de ses proportions aléatoires. Un petit inconvénient qui n’a pas nui au succès de l'ouvrage, traduit dans de nombreuses langues, déjà adapté au théâtre en 2004, et adapté par l’auteur lui-même en long métrage d’animation en 2005.