L'histoire :
Cette nuit comme beaucoup d’autres Zlabya s’ennuie. Le chat se désespère de la voir se morfondre pendant que son mari préfère les livres à un semblant de vie sexuelle. Non pas que le chat apprécie le rabbin et mari – il ne l’a jamais aimé et ne l’aimera jamais – mais sa maîtresse n’a pas mérité pareils chagrin et indifférence. Oui, s’il avait eu des bras, le chat lui aurait cassé la gueule, au mari ! Mais voilà, cette nuit, une caisse de précieux ouvrages talmudiques est livrée au mari. Elle provient de Russie. Elle est lourde puisque sous les pages amoncelées gît un corps, le corps d’un homme sans doute mort… Le rabbin père et maître du chat venu aux nouvelles (sa fille s’étant réfugiée chez lui) constate l’horrible découverte et bientôt, c’est tout le village qui se presse autour du cercueil de fortune. La question qui mine les esprits est alors simple : l’homme était-il juif ? Il faudrait l’examiner pour constater la circoncision mais s’il ne l’était pas ? Les autorités chrétiennes crieraient alors au sacrilège ! Il vaudrait mieux leur cacher. Mais alors qui dirait le rituel funèbre ? Finalement, on fait appel à un vieux sage kabbaliste qui, maladroit, pique le mort au visage et se ramasse une beigne ! Miracle, l’homme n’est pas mort ! De plus, il est russe et incompris de tous, sauf du chat, peintre et artiste de son état, en quête du royaume d’Ethiopie…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Musulmans, chrétiens, juifs et athées, priez et louez ensemble le Chat du Rabbin car voici déjà venir son 5e anniversaire ! Et pour fêter dignement cet événement, les éditions Dargaud et Joann Sfar vous ont concocté un album augmenté de moitié, soit 84 pages ! C’est en effet en l’année 2002 que le Chat poussa ses premiers miaulements avant de perdre un temps la parole, incompris de son maître comme du commun des mortels. La substance de la série résidant dans ses réparties et réflexions bien senties, chacun se réjouira de la voix retrouvée d’un animal désormais célèbre dans l’univers BD. Avec la Jérusalem d’Afrique, Joann Sfar nous propose une odyssée, la quête d’un mythe : l’existence d’un royaume d’Ethiopie, berceau de la religion originelle. De religion, il est naturellement question tout comme de tolérance, de différence, d’incompréhension… En bref, l’ensemble des thèmes développés au cours des précédentes aventures sont ici rassemblés et approfondis autour du vivre ensemble (à l’opposé du discours communautaire). Car ce 5e opus est peut-être le moins porté sur l’humour parodique pour privilégier une approche plus grave et politique du monde. Non que la saveur du Chat en soit altérée mais le fond semble cette fois primer (le clin d’œil à Tintin au Congo pouvant être interprété différemment). Pour quels messages ? La grande famille du Chat n’a de cesse de grandir, toujours plus métissée : « Raconter les choses comme elles sont n’est pas le travail de l’artiste ». Lui la dépeint comme il la perçoit…