L'histoire :
Invité sur le plateau d'une émission de télévision hebdomadaire, "Le Prix de l'Argent", Largo est confronté à l'ancien patron d'une des nombreuses sociétés du groupe W, Dennis Tarrant. Après avoir dénoncé les pratiques de la multinationale qui ont mené à la délocalisation de son site de production dans les pays de l'Est, laissant 2500 employés sur le carreau, l'industriel se suicide devant des millions de télespectacteurs. Largo se retrouve alors la cible des média et June Tarrant, la fille de l'industriel, le poursuit pour le meurtre de son père. Il se rend alors dans la petite ville de Deer Point pour y mener son enquête et se heurte à l'hostilité des locaux qui le malmènent. Il parvient tout de même à rassembler quelques informations et apprend la disparition suspecte du comptable de la société. Il est rapidement convaincu que derrière le suicide du vieux Tarrant se cache un scandale financier visant à enrichir des membres de son propre groupe.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dans ce treizième tome, Jean Van Hamme renoue avec ce qui a fait le succès des premiers albums en plaçant l'action au coeur du groupe W. Le scénariste a choisi un thème d'actualité en dénonçant les méfaits de la mondialisation et les magouilles politico-financières, sujets qu'il maîtrise à l'évidence parfaitement. Le dessin de Francq est égal à lui-même. Son trait est précis, les paysages de Deer Point très détaillés, même si on aurait souhaité que son style évolue de manière à nous surprendre, ne serait-ce qu'un peu. On peut juste lui reprocher que les marques de coups sur le visage de Largo ressemblent plus à des taches de boue qu'à des bleus. Non, le principal problème de cette série réside dans son protagoniste principal : le redresseur de torts, naïf, jamais au courant des pratiques de sa société, Largo est de moins en moins crédible dans ce rôle de dirigeant de multinationale en mal d'aventures, qui passe son temps à courir le monde ou à se dorer la pilule sur des plages de sable fin. Alors que ce nouveau scénario offrait à Van Hamme l'occasion de redéfinir le personnage, de lui donner plus de densité psychologique et d'ambivalence, le scénariste retombe dans le piège du gendre idéal. Il est dommage de si mal exploiter son héros, quand dans le même temps, on sait donner aux personnages secondaires comme Simon et Freddy une vraie consistance par leurs réactions et prises de position. Ce Largo ressemble plus à son alter ego télévisuel qu'au Largo de l'album OPA. Alors certes ce nouvel opus est agréable à lire, en tous cas un cran au-dessus des deux précédents albums, mais au regard des scénarii savoureux que Van Hamme sait livrer (Treize, Thorgal, les Maîtres de l'Orge, SOS bonheur…), on est en droit d'être exigeant. Peut-être nous ménage-t-il pour mieux nous asséner un coup de massue dans la suite, intitulée La loi du dollar ?