Découvert avec son polar fleuve (et culte) 100 Bullets, Brian Azzarello (avec les lunettes ci-contre) dynamite régulièrement les super-héros avec des titres aux tonalités particulièrement sombres. Son dernier exploit est d’avoir proposé un graphic-novel autour de l’ennemi le plus célèbre de Batman, le Joker ! Provocateur, parfois trash mais toujours intelligemment mené, ce titre bénéficie en plus d’un visuel époustouflant, concocté par un Lee Bermejo (avec la mèche ci-contre) toujours aussi doué...
interview Comics
Brian Azzarello et Lee Bermejo
©Urban Comics édition 2009
Réalisée en lien avec l'album Joker
Pour commencer, pouvez-vous nous décrire comment vous en êtes arrivé à faire de la bande dessinée ?Brian Azzarello : J’ai débuté dans les comics il y a une quinzaine d’année, c’est le travail que j’ai réussi à conserver le plus longtemps ! Ce qui rend ma mère très fière ! J’ai créé plein d’histoires avant d’obtenir un certain succès avec Johnny Double, puis j’ai écrit plusieurs séries qui ont bien marché, comme 100 Bullets ou Loveless. J’ai aussi participé à de nombreuses séries comme Hellblazer ou Superman.
Lee Bermejo : Cela fait pour moi aussi quelques années que je travaille dans ce milieu, j’ai débuté chez Wildstorm en tant qu’illustrateur où j’ai fait de nombreuses couvertures pour eux, sur Hellblazer notamment, j’ai travaillé aussi pour Marvel sur The Stand (Le fléau). J’ai réalisé assez peu de titres tout seul, j’ai surtout travaillé avec Brian sur Lex Luthor, Batman/Deathblow et dernièrement sur un graphic novel sur le Joker. J’ai bien aimé aussi faire un titre avec Adam Hughes (Gen 13) et Warren Ellis (Global Frequency).
Brian, vous avez souvent travaillé avec les mêmes dessinateurs, à chaque fois à plusieurs reprises : Eduardo sur Johnny Double et 100 Bullets, Lee Bermejo sur Joker et Lex Luthor ou encore Marcelo Frusin sur Hellblazer et Loveless. Ce sont des amis ou des choix professionnels ?BA : J’ai choisi chacun d’entre eux ! C’est difficile de trouver des gens avec qui l’on peut travailler et bien s’entendre dans ce métier, alors tous ceux avec qui je travaille sont des personnes que je choisis et que j’apprécie !
Votre travail sur les super héros se veut à chaque fois très originale, c’est une motivation nécessaire pour travailler dessus ?
BA : C’est exactement ça, je n’aurais jamais eu envie de faire quelque chose sur eux si on ne m’avait offert la liberté de ton que j’ai à l’heure actuelle. Il y a certains supers-héros pour lesquels je n’ai pas envie de tenter l’aventure. Par exemple, je n’ai rien à dire sur Spiderman ou sur Flash !
LB : Pour moi aussi, il est important que cela soit original, c’est pour ça que j’adore travailler avec Brian. On n’a pas envie de s’ennuyer !
Comment présenteriez-vous Joker à nos lecteurs ?BA : Cela dépend de leur âge ! Je le déconseille aux plus jeunes. C’est l’histoire d’un type à qui l’on a tout volé, même l’esprit.
On a souvent du rapprocher Joker du film Batman Dark Knight, qu’en pensez-vous ?
BA : Le film est vraiment bon donc ça ne me dérange pas du tout !
Beaucoup trouveront que le Joker ressemble à Heath Ledger dans le film…
LB : Oui, on me demande souvent si je me suis inspiré de lui sur le titre. En fait, j’ai commencé à travaillé sur ce graphic novel en 2006 et Heath n’avait pas encore obtenu le rôle. Je pense qu’il s’agit plutôt du cas inverse. J’avais laissé quelques visuels filtrer bien avant la sortie.
D’ailleurs outre la ressemblance visuelle, l’autre point commun est cette vision très sombre du personnage…
LB : J’ai essayé au mieux de montrer sa folie au travers de son regard notamment !
BA : C’est vrai que Christopher Nolan et moi avons une vision assez similaire. Il a commencé à travailler sur ce film en 2005, comme moi sur le graphic novel. Le Joker est imprévisible, fou, violent, psychotique… Nous avions cette vision commune du personnage.
Quels sont vos prochains projets ?LB : Je continue à faire des couvertures mais en ce moment je travaille ardemment sur un graphic novel. J’aimerais aussi développer une histoire assez éloignée de ce que j’ai pu faire jusqu’ici, plus proche de la bande dessinée européenne. Aux Etats-Unis, il n’y a quasiment que des comics sur les super héros, si tu n’en fais pas, tu as l’impression de ne pas exister ! Si je fais une couverture par mois, c’est pour me rappeler aux bons souvenirs des lecteurs car s’ils ne te voient pas pendant un moment, ils t’oublient ! J’ai mis deux ans à faire le Joker donc imagine. Je prends mon temps pour trouver une bonne histoire, même si celle a de fortes chances de ne pas être éditée par un grand éditeur. BA : Je passe… j’en ai trop sur le feu !
100 Bullets est maintenant terminé. Vous avez créé 100 chapitres pour cette série, un projet totalement fou !
BA : No more Bullets (plus de balles) ! Je suis fier d’avoir mené ce projet au bout et avec la même équipe, Eduardo Risso aux dessins et Dave Johnson aux couvertures ! Cela risque d’être ma série la plus longue avant un moment !
Pas de prochains projets avec Eduardo Risso ?
BA : Si, bien sûr, tout comme il y aura sûrement un autre projet avec Lee.
Et toi Lee, pas envie de te mettre au scénario ?
LB : Si : je me penche dessus pour mon second projet mais c’est dur.
Quel personnage auriez-vous rêvé de créer ?LB : Batman ! Même si depuis, j’ai eu l’occasion de le dessiner à plusieurs reprises.
BA : J’ai travaillé sur beaucoup de super héros et j’ai à chaque fois créé un petit quelque chose avec eux, que se soit avec Batman ou le Joker. Le seul que j’aurais véritablement aimé créé serait Aquaman mais j’espère travailler dessus dans l’avenir.
Quelles sont vos influences ?
LB : Pour moi, elles sont surtout dans la peinture ou la photographie. Ces deux influences m’aident à perfectionner mon dessin, je les utilise assez souvent pendant la création.
BA : Pour moi, ce ne sont pas non plus des auteurs mais les journaux ! J’en lis énormément ! Il y a des choses incroyables dedans, cela m’influence tout le temps !
Quels titres conseilleriez-vous à nos lecteurs ?BA : Aucune hormis les miennes ! Je ne suis pas beaucoup de série mais j’aime bien Scalped bien que je ne crois pas qu’elle soit traduite pour le moment en France. DMZ est sympa aussi.
LB : Je dirais 100 Bullets, j’adore ce titre !
Si vous aviez le pouvoir cosmique de visiter le crâne d’un autre auteur de bande dessinée pour mieux comprendre son œuvre, qui iriez-vous visiter ?
LB : Je crois qui j’irais visiter le crâne d’un scénariste comme Brian ou alors un génie comme Moebius.
BA : Je ne sais pas, je n’ai jamais idolâtré personne à ce point là !
Merci messieurs !
